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Irlande 1916: retour sur le Festival du livre de Carhaix

Un petit retour sur le Festival du Livre en Bretagne à Carhaix consacré cette année à l’Irlande 1916 – 2016 avec deux videos de l’Agence Bretagne Presse:

Le discours introductif de Christian Troadecn, maire de Carhaix et conseiller départemental.

L’intervention de Geraldine Byrne Nason, ambassadeur d’Irlande:

Et le Bro Gozh clôturant l’inauguration:

La plume du président irlandais est bretonne.

AzilizGouez

Ouest-France, 29 octobre 2016

Par Maxime LAVENANT.

Originaire de Malansac (Morbihan), l’anthropologue Aziliz Gouez écrit depuis 2013 les discours du président irlandais. Elle préside ce week-end le Festival du livre en Bretagne.

Comment devient-on la plume de Michael Higgins, le président irlandais ?

De façon tout à fait fortuite. Je suis tombée sur une annonce. Ça m’a paru improbable d’y répondre parce que je ne suis pas irlandaise et que ce n’est pas mon métier. Ici, ce sont traditionnellement des diplomates qui occupent ce poste. Le président avait essayé plusieurs plumes, ça n’avait pas marché.

Vous êtes la première étrangère nommée Head of Speech Writing. C’était compliqué ?

Il y a eu des articles dans les journaux lorsque ma nomination a été annoncée mais ce n’était pas vraiment pas acerbe. Je n’ai jamais été confronté à de l’hostilité.

Un temps fort depuis que vous occupez ce poste ?

La visite d’État du président au Royaume-Uni en 2014. C’était monumental pour les Irlandais parce qu’il s’agissait d’une première depuis l’indépendance de l’Irlande. Tous les discours étaient par contre très encadrés par le gouvernement.

Présidente d’honneur de ce festival, ça représente quoi ?

Je suis contente, c’est une occasion de parler de ces liens entre la Bretagne et l’Irlande, voire d’en créer de nouveaux. Je suis aussi curieuse de voir comment la Bretagne perçoit les commémorations de Pâques 1916.

Vous voyez des similitudes entre littérature bretonne et irlandaise ?

Ce sont deux littératures des marges occidentales de l’Europe. On y retrouve les paysages et le climat de terres en conversation avec l’océan Atlantique. On peut aussi parler de certains motifs romantiques communs aux deux littératures.

Carhaix: le Bro Gozh pour l’Irlande.

Le Télégramme, 30 octobre 2016

La 25e édition du festival du livre en Bretagne, qui s’est ouverte hier avec plus de 300 auteurs au Glenmor met l’Irlande à l’honneur. Mais aussi les liens avec la Bretagne , symbolisés par Aziliz Gouez, plume bretonne du président irlandais et présidente d’honneur de l’événement.

Cela fait quelques années que l’on n’avait pas vu autant de monde à l’inauguration du festival du livre. L’effet 25 ans, comme aux Vieilles Charrues, sans doute, mais aussi, très certainement, l’effet Irlande. En choisissant de mettre le pays de Samuel Beckett en avant cette année, à l’occasion du centenaire du soulèvement de Pâques 1916, les organisateurs du festival ont visé juste. C’est une nouvelle occasion de mesurer le lien très fort qui unit l’Irlande et la Bretagne. Un lien symbolisé par les très nombreux comités de jumelage entre des villes bretonnes et irlandaises mais aussi, ce week-end, par la présidente d’honneur du festival : Aziliz Gouez, fille d’agriculteurs morbihannais devenue rédactrice en chef des discours du président irlandais .

L’ambassadrice d’Irlande reviendra… avec U2

Une présidente ravie d’être là. « C’est un plaisir et une occasion rare que d’assister à une manifestation qui fait se rencontrer, dialoguer et se rejoindre mes deux pays. Aujourd’hui, je me sens tout autant irlandaise que bretonne », a-t-elle expliqué lors de l’inauguration du festival. Les autres intervenants ont aussi souligné cet attachement commun : Christian Troadec, le maire de Carhaix, Léna Louarn, la vice-présidente du conseil régional, mais aussi Géraldine Byrne Nason, l’ambassadrice d’Irlande en France. Une ambassadrice qui ne manque pas d’humour. S’excusant de ne pas encore maîtriser le breton, elle a promis qu’elle y arriverait… à la fin du week-end ! Plus tard, elle a encore fait sourire tout le monde en évoquant le fait que Christian Troadec avait promis de l’inviter aux prochaines Vieilles Charrues. « J’ai bien compris que c’est seulement pour que je fasse venir U2 », a-t-elle glissé. « Pas de problème », a répondu le maire de Carhaix qui a déjà trouvé où loger la bande à Bono. « On a un lieu-dit qui s’appelle Le Bono. Ils seront hébergés là-bas ». La cérémonie officielle s’est terminée en chanson. La chorale brestoise Kan Awen a d’abord interprété l’hymne irlandais. Puis, elle a terminé par le Bro gozh ma zadoù, repris en choeur par le public.

Aziliz Gouez. « Le président irlandais a plusieurs facettes »

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Aziliz Gouez, photo Le Télégramme .

Le Télégramme, 29 octobre 2016

Propos recueillis par Dominique Morvan

Parcours impressionnant que celui d’Aziliz Gouez. À 37 ans, et après avoir été notamment assistante parlementaire de François Hollande, cette fille d’agriculteurs de Malansac (56), diplômée d’anthropologie politique, est la plume du président de la République d’Irlande. Présidente d’honneur du festival du livre de Carhaix (29) aujourd’hui et demain, elle se confie sur son rôle et sur la Bretagne.

Comment une Bretonne devient-elle rédactrice en chef des discours du président irlandais ?
Il y a quatre ans, je suis venue m’installer ici avec mon compagnon qui est irlandais. À l’époque, notre fille avait un an et je pensais prendre du temps pour m’en occuper. Mais, j’ai vu une petite annonce disant que le président cherchait une plume. C’était assez insolite. J’ai candidaté et, à ma grande surprise, j’ai été sélectionnée pour un premier tour d’entretien et d’essai. On avait une heure pour rédiger un discours. Puis, après plusieurs tours d’écriture et d’entretien, nous n’étions plus que douze, puis quatre et on m’a annoncé que j’étais retenue. Cela m’a sidérée parce que je connais des gens qui font ce métier en France, où le poste est plutôt réservé aux normaliens et aux énarques. En Irlande, ce sont traditionnellement des hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Mais le président a un profil particulier et cherchait quelqu’un de différent.

Concrètement, comment fonctionnez-vous avec le président, Michael D. Higgins ?
On se retrouve généralement dans son bureau, on parle des lectures à faire pour le discours à venir. Régulièrement, il demande à sa secrétaire personnelle de commander des livres en deux exemplaires pour qu’on les lise. Ce qui n’est pas simple pour moi parce qu’il a des tendances insomniaques et lit très vite. Souvent, il me donne son exemplaire, je vois ce qu’il a souligné et on en parle. Pour tout discours, on reçoit aussi des notes de la part du ministère concerné. Puis, j’envoie le premier jet du discours au président. Il me le retourne et ainsi de suite. C’est un travail de navette.

C’est captivant ?
Oui, parce que Michael D. Higgins n’est pas seulement un homme politique, c’est aussi un poète. Il a un rapport très exigeant à la langue. Il a également été professeur de sociologie, ce qui lui donne une réflexion critique très intéressante. De même, il est connu pour ses prises de position sur les droits de l’Homme. Il s’est rendu en Amérique centrale pour soutenir les opposants aux dictatures militaires et a même été expulsé de certains pays. Il était étudiant aux États-Unis pendant la guerre du Viêt Nam et est très intéressé par les luttes de décolonisation, par l’Afrique, par l’Amérique du Sud. Bref, il a plusieurs facettes. C’est quelqu’un de très intellectuel, ce qui, dans le monde politique irlandais contemporain, est rare. C’est un peu comme la différence entre un Mitterrand et un Sarkozy. Ce n’est pas un communicant. Il a horreur des slogans.

Vous avez vécu à ses côtés des moments forts, comme en 2014, la première visite d’État d’un président irlandais à la Reine d’Angleterre depuis l’indépendance. C’était un discours particulier?
Oui, c’était passionnant. Le président a fait plusieurs discours dont deux principaux : un à la table de la Reine, à Windsor, et un devant les deux parlements, à Westminster, avec un souffle historique.

Ce sont des discours forcément très scrutés. Ont-ils été préparés différemment ?

Oui, c’était très, très encadré. On a eu moins de liberté qu’habituellement. Chaque mot comptait, chaque virgule était pesée. C’était plus un exercice d’équilibre diplomatique qu’un discours dans lequel on peut faire passer des idées. Mais c’était un moment crucial pour les Irlandais et cela a été très suivi. C’était aussi une envie de la Reine qui a été touchée dans son histoire personnelle par le conflit en Irlande du Nord. Elle était très proche d’un de ses cousins qui a été tué dans un attentat de l’IRA. Elle arrive à la fin de son règne et elle souhaitait faire un geste de réconciliation envers le peuple irlandais. On l’a senti aussi lors des commémorations de la Seconde Guerre mondiale, en 2014, auxquelles les Irlandais ont été invités pour la première fois.

Cette année, l’Irlande a aussi célébré le centenaire de l’insurrection de Pâques 1916. Une année particulière ?
Oui, c’est l’année la plus intense depuis le début du mandat. C’est vraiment le mythe fondateur de l’Irlande. Ce n’est pas ce qui a donné l’indépendance mais ça reste un événement fort : un grand fiasco militaire mais une grande victoire symbolique et morale parce que cela a galvanisé le sentiment patriotique irlandais. C’était la première fois qu’un des peuples de l’Empire osait défier la Couronne.

Pour ce soulèvement et l’indépendance, l’Irlande est souvent montrée en exemple par des militants bretons. Qu’en pensez-vous ?
En Bretagne, cela a été un motif incantatoire pour plusieurs générations de militants nationalistes mais il n’y a pas de comparaison possible entre ce qu’était le mouvement indépendantiste en Irlande et en Bretagne. L’histoire n’est pas du tout la même. Aujourd’hui, il y a un déficit de véritable gouvernement local entre la France et la Bretagne et on peut se dire que l’Irlande a réussi à prendre son indépendance. Mais en fait, l’Irlande est un pays hyper centralisé dans lequel il y a encore moins de démocratie locale. Tout se passe à Dublin.

Avec votre parcours très riche, quel regard portez-vous sur la Bretagne ?
J’ai le sentiment qu’elle est à un carrefour où il faudrait une mobilisation des milieux culturels, politiques, économiques afin de trouver un nouveau modèle pour les décennies à venir. Je pense qu’on est arrivé à la fin du modèle breton et qu’il faut absolument le renouveler. Je suis très inquiète pour l’avenir de l’agriculture bretonne. Et par ailleurs, je suis assez admirative de la vitalité associative et culturelle en Bretagne. C’est une région vivante dans laquelle il reste une cohésion sociale qui fait défaut à de nombreuses régions.

Selon vous, il manque une ligne directrice ?
Il manque une vision collective. Et il ne faut pas réfléchir seulement à un développement à l’intérieur de l’Hexagone mais prendre aussi en compte les grands enjeux globaux que sont le changement climatique et le développement durable. Et cela pourrait se faire de manière intéressante en Bretagne. La politique française est en train de sombrer dans un marasme inquiétant. En Bretagne, il y a encore quelque chose à sauver. Il y a une richesse humaine mais il faut une mobilisation collective.

A lire: le catalogue du Festival du livre en Bretagne

L’équipe du Festival du Livre en Bretagne a réalisé un très beau travail avec ce catalogue de la 27ème édition du Festival.

Très bien illustré, ce livret rassemble de nombreux articles autour du thème de l’influence irlandaise sur la Bretagne.

Vous pouvez y avoir accès en cliquant sur l’illustration ci-dessous:

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Festival du livre en Bretagne. « Pâques 1916 a eu un impact évident »

Ouest-France, 25 octobre 2016

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Jacques-Yves Le Touze, coordonnateur du Comité Irlande 2016. Photo Ouest-France.

À l’honneur ce week-end au Festival du livre en Bretagne, l’Irlande célèbre les 100 ans de son insurrection contre la Grande-Bretagne.

Trois questions à Jacques-Yves Le Touze, coordinateur du comité Irlande 2016

Quels échos ont eu les événements de Pâques 1916 en Bretagne ?

Durant tout le XIXe siècle, il existait un mouvement culturel – notamment avec le Congrès celtique – qui a participé à la renaissance celtique. Il comprenait aussi l’Écosse et le Pays de Galles, mais les liens étaient peut-être plus étroits entre la Bretagne et l’Irlande, toutes deux ayant le catholicisme en commun.

Un premier parti national breton est même créé au début du XXe siècle. Mais la Première Guerre mondiale agit comme une césure. Quand l’insurrection irlandaise a lieu, les Bretons y voient d’abord l’action d’une petite bande de traîtres vis-à-vis de l’allié britannique. Il est d’ailleurs avéré que l’Allemagne leur avait fourni des armes.

Après la guerre, comment le regard des Bretons évolue-t-il ?

Pâques 1916, qui était militairement un échec, est un succès politique qui a eu un impact très fort sur le mouvement breton. En obtenant son indépendance, l’Irlande, sans chercher à jouer ce rôle, devient un exemple. Ce qui ressemblait à un certain régionalisme bourgeois fait place à de nouveaux militants politiquement plus radicaux.

Mais l’Irlande inspire aussi un renouveau linguistique et artistique, notamment musical à partir des années 1950. Des événements comme le Festival de Lorient ont agi comme une vitrine pour la scène irlandaise. Ce pays, parfois mythifié, devient un lieu de pèlerinage obligatoire pour des générations de militants.

Il ne faut pas non plus oublier les mauvais côtés de cette influence, notamment quand certains ont essayé de reproduire Pâques 1916 pendant la Seconde Guerre mondiale : le contexte avait changé et les Allemands n’étaient pas les mêmes.

Et aujourd’hui ?

L’intérêt des Bretons pour l’Irlande s’est normalisé depuis une quinzaine d’années. Les facilités de voyage ont sans doute participé à sa démythification. Actuellement, l’influence politique serait davantage écossaise. Mais l’Irlande conserve un capital sympathie évident en Bretagne. Il y a toujours énormément de liens dans des secteurs très différents. Par exemple, avec la création de clubs de football gaélique, des échanges entre universités, les quelque 120 jumelages entre communes, etc. Si vous interrogez dans la rue un Breton sur Pâques 1916, il est peu probable que ça lui parle. Pourtant, sans ces événements, la Bretagne en tant que telle ne serait aujourd’hui pas la même.

Vendredi 28 et samedi 29 octobre, colloque organisé par Le CRBC-Rennes 2 dans le cadre du Festival du livre de Carhaix « Les influences irlandaises : 1916 – 2016 » à l’occasion du centenaire du soulèvement de Pâques 1916. Ouvert à tout public. Renseignements sur le site du festival.

Maxime Lavenant

Ouest-France

Festival du livre en Bretagne: l’ambassadrice d’Irlande à Carhaix.

Ouest-France, 17 octobre 2016

Geraldine Byrne Nason lors de sa venue à La Vallée des Saints l'été dernier. Photo Philippe Argouarc'h, ABP.

Geraldine Byrne Nason lors de sa venue à La Vallée des Saints l’été dernier.

Geraldine Byrne Nason, ambassadrice d’Irlande en France se rendra à Carhaix le 29 octobre, pour l’inauguration du festival du livre en Bretagne.

Geraldine Byrne Nason, L’ambassadrice d’Irlande en France se rendra au festival du livre en Bretagne, à Carhaix. Elle sera présente pour l’inauguration de la 27e édition, le samedi 29 octobre.
Délégation irlandaise

Elle viendra renforcer une délégation irlandaise déjà importante. La présidente d’honneur du festival est cette année Aziliz Gouez, rédactrice en chef des discours du président de la République d’Irlande.

28 et 29 octobre à Carhaix, Colloque « Irlande – Bretagne, 1916-2016, chemins croisés »

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Colloque organisé par Le CRBC-Rennes 2 dans le cadre du festival du livre de Carhaix “Les influences irlandaises : 1916 – 2016” à l’occasion du centenaire du soulèvement de Pâques 1916.

Ouvert à tout public.

« Irlande Bretagne 1916>2016: Chemins croisés

Aoine/ Gwener/ Friday/ Vendredi 28 octobre 2016

Economic and Historical aspects

Chair : Gwendal Denis

14:30 – Yann Bévant (Rennes 2): « 1916-2016. Du schème nationaliste au post nationalisme, quel exemple irlandais pour la Bretagne ? »

15:00- Alan Le Cloarec (Rennes 2): « Du Trégor à Dublin, le parcours militant de Louis-Napoléon Le Roux »

16:00- Éamon Ó Ciosáin (NUI Maynooth): « De l’interceltisme à la fascination politique – l’Irlande dans le discours breton au XXe siècle. »

16:45 – Coffee Break/ pause café

Plenary Speaker

17:00 – Aziliz Gouez (Head of speech writing to President Michael D. Higgins) : « Commémorer l’Insurrection de Pâques 1916 »

Satham/Sadorn/Saturday/Samedi 29 octobre 2016

Cultural and Artistic Interactions

Chair :  Yann Bévant

9:00 – Tangi Philippe (UBO) : “The Institution of Regional/National Sports at the Turn of the Century in Ireland and Brittany. Cultural significance and Symbolic Impact

9:30 – Erwan Chartier (Rennes2): « L’Irlande, une fascination pour les mouvements bretons du XIXe siècle à nos jours »

10:00 – Yves Defrance (Rennes2) : « La Saint Patrick et les Bretons »

14:00 – General discussion and round table

Chair: Yves Defrance


Lieu: Espace Glenmor – Centre des Congrès, Carhaix

29 et 30 octobre, à Carhaix: l’Irlande invitée d’honneur du Festival du Livre en Bretagne

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Le festival du livre en Bretagne est devenu au fil des années un rendez-vous incontournable pour celles et ceux qui aiment les livres en Bretagne. C’est une visite qui s’impose pour les professionnels : libraires, bibliothécaires, universitaires…

L’évènement est unique en Bretagne. Il permet le temps d’un week-end de rassembler quasiment l’ensemble des maisons d’édition de la région, qu’elles éditent en langue française ou en breton. Beaucoup d’éditeurs calent des lancements de livre sur la date du festival du livre de Carhaix. C’est un gage de succès, une référence, parce que beaucoup de leaders du domaine culturel y viennent. C’est aussi un lieu de rencontres et d’échanges entre les professionnels du livre, les auteurs, les lecteurs…

Chaque année, près de 300 auteurs, des plus connus aux anonymes, sont présents sur les différents stands. Toutes les disciplines sont représentées (littérature, poésie, histoire, linguistique…) dans nos deux langues, le breton et le français.

C’est la plus grande librairie de Bretagne pendant deux jours et son succès populaire avec des milliers de visiteurs s’inscrit dans la durée puisqu’il approche tranquillement de sa trentième édition…

1916-2016 : les influences irlandaises

George Bernard Shaw, William Butler Yeats, Samuel Beckett et Seamus Heaney… L’Irlande compte à ce jour quatre prix Nobel de littérature! Comment un petit pays de 4,5 millions d’habitants – sensiblement la même population que la Bretagne historique aujourd’hui – a-t-il fait pour inspirer si fortement ses écrivains et leur donner une stature mondiale ? Un mystère ?

Il serait hasardeux et sans doute prétentieux de tenter d’apporter ici une explication à la richesse de cette littéraire irlandaise étonnamment prolifique. D’autres le feront probablement mieux que nous. Mais il n’est pas inutile de chercher à saisir les influences irlandaises sur une Bretagne du livre dont un seul prix Nobel de littérature, Jean-Marie Le Clézio, revendique des racines bretonnes. Les liens entre la Bretagne et l’Irlande sont multiples et séculaires dans de nombreux domaines qu’ils soient culturels, linguistiques, musicaux, artistiques, économiques, politiques… Citons par exemple le Festival Interceltique de Lorient ou les 120 communes bretonnes jumelées avec l’Irlande ou bien encore l’aventure des Comptoirs Irlandais, la Brittany Ferries… L’Irlande et sa lutte pour l’indépendance ont fasciné des générations de militants politiques bretons et ce pays fut un temps considéré comme un eldorado politique avec ses héros comme James Connoly, Padraig Pearse, Michael Collins, Eamonn de Valera…

Dès 1901, des militants Bretons se déplacent en Irlande pour nouer des contacts avec les irlandais les plus conscientisés parmi eux le carhaisien Taldir Jaffrenoù(1) Ces liens ont longtemps perduré.

Bref, la place de l’Irlande est importante en Bretagne dans la réalité comme dans l’imaginaire. Le centenaire de Pâques 1916 a été l’occasion de manifestations de grande ampleur en Irlande dans tous les domaines (histoire, culture, musique, éducation, rénovation de sites, etc..) et à travers le monde, notamment aux USA, au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie… et en Bretagne. Toutes les ambassades d’Irlande à travers le monde proposeront des activités autour de ce centenaire. Il aurait été inconcevable que le Festival du livre en Bretagne de Carhaix ne profite pas de cet événement historique pour mieux cerner les influences irlandaises qui nourrissent nos réalités ou notre imaginaire breton.

Aziliz Gouez : présidente d’honneur du festival

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Aziliz Gouez est la rédactrice en chef des discours (chief speechwriter) du Président de la République d’Irlande, Michael D. Higgins. Elle a, en cette capacité, joué un rôle prépondérant dans les grands jalons de la Présidence de Higgins, notamment sa visite historique à la Grande Bretagne (la première visite d’un chef d’Etat irlandais à l’ancienne puissance coloniale depuis l’indépendance de l’Irlande), et les commémorations en cours du centenaire de l’insurrection de Pâques 1916, considérée comme l’événement politique fondateur de l’Irlande moderne.

Avant de s’établir à Dublin avec son compagnon, irlandais, et leurs deux enfants, Onenn et Séamus, Aziliz Gouez a vécu, étudié et travaillé en Angleterre, en Bosnie-Herzégovine, aux Etats-Unis, en Israel, et à Paris, où elle a exercé pendant 5 ans les fonctions de directrice des recherches pour l’Institut Jacques Delors. Ce dernier – Jacques Delors – est, aux côtés du philosophe Pierre Hassner, l’une des figures qui ont marqué sa formation intellectuelle et son engagement européen.

Aziliz Gouez est diplômée de Sciences Po Paris et a ensuite étudié l’anthropologie à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et à l’Université de Cambridge. Âgée de 36 ans et ayant grandi dans une petite ferme du Pays de Redon, elle nourrit un profond intérêt pour la Bretagne, son développement économique et agricole, et les expérimentations sociales et solidaires qui y fleurissent.

Des auteurs et éditeurs irlandais, invités du festival

Ciarán Collins

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Ciarán Collins est un auteur irlandais né à Cork en 1977. Il a grandi dans le village de Innishannon (Co. Cork).

Il a étudié l’anglais et l’irlandais à l’Université de Cork et a suivi sa maîtrise en 2001 autour du théâtre moderne et plus particulièrement sur les textes de Tom Murphy, Brian Friel, Eugene O’Neill, Arthur Miller, David Mamet et Marsha Norman.

En 2003, il débute sa carrière en tant que professeur d’école secondaire d’anglais et d’irlandais dans le sud de Dublin et en 2009, il retourne dans le comté de Cork pour prendre un poste à Bandon. Il vit actuellement à Kinsale avec sa femme et sa fille.

« The Gamal » est son premier roman et est publié chez Bloomsbury Circus. Auparavant il a publié quelques pièces de théâtre et des histoires courtes. Il travaille actuellement sur un deuxième roman, une autre pièce et un scénario…

Ciarán Collins a été récompensé en 2013 du Newcomer of the Year par le « Irish Book Awards » et a remporté le prix Rooney de littérature irlandaise.

Tadhg Mac Dhonnagáin

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Tadhg Mac Dhonnagáin est une personnalité de la télévision irlandaise, présentateur de programmes pour enfants sur la RTÉ (télévision irlandaise). Il est aussi guitariste et chanteur.
Réinstallé dans le Connemara dans la ville d’An Spidéal, il est scénariste de séries télévisées et de comédies, éditeur de musique et spécialisé dans les outils de promotion de la langue gaélique pour la jeunesse.
Il a collaboré en 2013 comme consultant et éditeur de scripts pour le long métrage breton « Lann Vraz » (Production Kalanna).

Éamon Ó Ciosáin

Eamon-O'Ciosain---NUI-Maynooth

Éamon Ó Ciosáin est maître de conférences à l’Université Nationale d’Irlande, Maynooth, où il enseigne le français et le breton. Il est l’auteur de nombreux articles sur la migration irlandaise en France à l’époque moderne et collabore aux volumes des Immigrés irlandais au XVIIe siècle en Bretagne. Il a également publié des traductions de poésie gaélique irlandaise contemporaine en français (un recueil en format bilingue en 1984), en breton (Skrid, 1983) et fut co-auteur d’un dictionnaire irlandais-breton (1987).

Un colloque « Bretagne-Irlande 1916-2016 : chemins croisés »

Organisé le vendredi 28 et le samedi 29 octobre par le C.R.B.C. de l’Université de Rennes 2 et en partenariat avec le Comité Irlande 2016. Nous y reviendrons très prochainement.

Une exposition : « 1916: portraits and lives »
En partenariat avec l’organisme Litterature Ireland à Dublin
Extraits du livre « 1916: portraits and lives » (Ed. Royal Irish Academy)
Ce livre présente 42 hommes et femmes qui, d’une manière ou d’une autre, ont été profondément impliqués dans le soulèvement de Pâques 1916.
Les biographies choisies composent un tableau général du soulèvement, représentant le spectre des personnalités qui ont participé à l’événement. Ils comprennent non seulement les insurgés (et quelques autres) tués au cours du soulèvement, mais aussi quelques-unes des femmes qui ont été impliquées en tant que soldats ou en appui.

Et tout au long du week-end…
Remise du prix du roman de la ville de Carhaix
Remise du priz danevelloù ti-kêr Karaez (Nouvelle en Breton)
Remise du prix Xavier de Langlais (OEuvre en Breton)
Korn ar vugale / Espace jeunesse
25 ans de la revue Spered Gouez, éditée par le festival
Théâtre, cinéma, sessions musicales

 

(1) Taldir-Jaffrennou e Dulenn er bloavezh 1901 !
Taldir-Jaffrennou, eus Karaez, a oe e touesk ar re gantañ eus an Emsav o liammañ darempredoù gant tud Bro-Iwerzhon. Kontañ a ra e veaj kentañ d’an enezenn en e levr eñvorennoù « Ur wech e oa… Ur c’hrennard, un deskard, ur soudard », embannet gant Hor Yezh. Setu un tañva eus e skrid :
« An amzer a oa tomm ha sioul, an treizh a badas peder eurvezh, diloc’het da c’hwec’h eur, al lestr a stokas ouzh kae Kingstown, porzh Dublin, da zek eur, d’al lun 1añ a viz Eost 1901. (…) Dirak al lestr ouzh hor gortoz e oa Edmond Fournier d’Albe gant div wetur, unan evidomp hag eben evit hor pakadoù. (…) Ar Berr a voe kaset da lojañ da di an aotroù hag an itron Duncan, izili eus ar C’homite Reizhañ, ha me a yeas da heul Fournier d’Albe (…).
A Vreizh, e oa deuet F. Vallée (Abherve), a oa lojet e ti un intañvez, an itron Clarke ; Alfred Lajat hag e wreg yaouank ; Yann ar Fusteg, drouiz-meur hor gorsedd nevez c’hanet ; AbAlor ha me. A Vro-Gembre e oa deuet war-dro hanter-kant barzh ha barzhez, renet gant an arc’hdrouiz (…). A Vro-Skos e oa kement all a « Highlanders », hiniennoù anezho gant biniawoù-bras a reer « bag pipes » anezho (…). A Vanav (enezenn e-kreiz Mor Eire) hag a Gernez-Veur e oa kannaded ivez. Bez’ e oa unan bennak eus Stadoù-Unanet Amerika. Bez’ e oa daou Alaman : Heinrich Zimmer ha Kuno Meyer, kelennerien yezhoù keltiek e Greiszwald, Berlin. Bez’ e oa ur Poloniad, Alfoñs Parczemski, eus Kalisz.(…).

D’ar Sul 25 a viz Eost, e oa derc’hent an deiz dimp da gemer al lestr da vont kuit, Fournier d’Albe am dihunas abred :
« Taldir kaezh », emezañ, « ur c’helou mat. Lord Castletown a fell dezhañ e teufec’h d’e welout er Gaeltacht. »
« Ar Gaeltacht, emezon-me, petra eo ? »
Gouzout a rit, ar gaeltacht a zo da Iwerzhon ar pezh a zo Breizh izel deoc’h-c’hwi : al lodenn a gomzer c’hoazh gouezeleg enni. (…)
Lord Castledown of Ossory, aotrou Doneraile, e kontelezh Cork, hon ostiz, a oa ur gwaz a c’hwec’h troadad ment, gant ur penn hir : ret e veze dezhañ stouiñ e chouk a-benn komz gant an dud mentet krenn. (…) A l Lord a red en e wazied gwad rouanez kozh Eirinn, kemmesket gant gwad skandek. E Dublin, ar gêrbenn, en doa en em dommet ouzh an Emsav broadel, hag ouzh labourioù Standish O’Grady a-du gant ar yezh en argoll. Harpet en doa Conradh na Gaedhilge ha Kevredigezh Keltia gant e arc’hant, rak pinvidik-mor e oa. (…)
Lord Casteldown hon dastumas an nozvezh kent ar c’himiad en e vurev, hag a zisklerias e ber komzoù da gannaded Iwerzhon, Skos, Kembre ha Breizh, ar roll-labour a felle dezhañ merkañ d’ar Celtic Assocoation. Setu amañ an diverrañ eus ar gourc’hemennoù a roas dimp :
« Krouet em eus, emezañ, ar gelc’hgelaouenn Celtia, bep miz, da vezañ an ere etre Kelted ar bed-holl. An renadurezh anezhi a fizian en Edmond Fournier d’Albe. Ma eiler a vezo ar c’hont Joseph Plunkett. (Mab youank ar c’hont Plunkett, soudard en arme dieub iwerzhonat amzer pask 1916, a voe prizonier ha fuzuilhet gant ar saozon.) Ur strollad a ranko bezañ savet e pep hini eus ar c’hwec’h bro geltiek, gant ur sekretour karget da gas keleier da Celtia. Ar strollad a zastumo arc’hant hag a vodo izili nevez. E Dublin e vezo azezenn ha kef an Impalaerez Hollgeltiek. Ar C’huzul-meur a bledo eus kevredad labourioù an holl. Bez’ e vezo ennañ eizh ezel, tri Gouezelad, ur Skosad, ur C’hembread, ur Manavad, ur C’hernevad hag ur Breizhad. Dont a raint da chom e Dublin ha gopret e vezint gant kef an Emsav Hollgeltiek. (Kannad Breizh en Iwerzhon a zo bet e-pad daou vloaz (1905-1907) ar barzh ar Berr-AbAlor, en doa bet ur garg a gelenner galleg e Dublin.)
Pal ar C’huzul-Meur a vezo labourat da c’hounit da gentañ digant Londrez, frankiz emrenerezh evit Iwerzhon, Skos, Manav ha Kernev. Gwaskañ ‘raio war Bariz da gaout kemend-all evit Breizh. (…). »