Croke Park, une BD sur le Bloddy Sunday de 1920

Le Télégramme, 5 octobre 2020

Mêlant Histoire, rugby et Irlande, « Croke Park », la nouvelle bande dessinée du Télégramme est publiée à partir de ce lundi dans nos pages. Une BD qui revient sur le premier « Bloody sunday », perpétré à Dublin, il y a 100 ans.

« Bloody sunday » (dimanche sanglant) n’est pas uniquement un titre du groupe rock irlandais U2. Une chanson évoquant les quatorze victimes des tirs de l’armée britannique, lors d’une marche pacifique, en 1972, à Derry (Irlande du Nord). L’Irlande a, en effet, connu trois autres « Bloody sunday », dont le premier a éclaté à Dublin, le 21 novembre 1920. Et c’est autour de cet événement que se dessine l’histoire de « Croke Park », nom du stade dublinois consacré uniquement aux sports gaéliques.

En 1920, l’Irlande est en pleine guerre d’indépendance contre la domination britannique. Le 21 novembre de cette même année, l’armée républicaine irlandaise (Ira) ordonne l’assassinat de plusieurs agents anglais. En représailles, quatorze personnes seront tuées à Croke Park, à l’occasion de la rencontre de football gaélique Dublin-Tipperary. La ligue de football gaélique était connue pour abriter des indépendantistes.

« Les Anglais ont pris une sacrée saignée »

En 2007, grande première à Croke Park. Pour la première fois, le stade accueille des rencontres du rugby du Tournoi des six nations, car le sanctuaire officiel irlandais, Lansdowne Road, est en chantier. Et lors de cette édition 2007 des Six nations, l’Irlande reçoit l’Angleterre, chez elle, à Croke Park. Les autorités craignent qu’en représailles du Bloody sunday de 1920, l’hymne anglais soit sifflé. Il n’en sera rien. « Il faut savoir qu’on est en Irlande et pas en France. Deuxièmement, on est au rugby et pas au football, explique Sylvain Gâche, scénographe de la BD  » Croke Park « . Le match a eu lieu dans un respect absolu. Par respect pour ceux qui sont tombés dans le stade, les Irlandais n’ont pas sifflé le  » God save the Queen « . En revanche, les Irlandais survoltés ont marché sur les Anglais, qui ont pris une sacrée saignée ce jour-là (43-13) ».

Professeur d’histoire à Blois (Loir-et-Cher), Sylvain Gâche a pris, comme point de départ, cette rencontre de 2007 pour nous plonger dans le « Bloody Sunday » de 1920. Il a ainsi répondu aux sollicitations du scénariste brestois Kris qui dirige, au sein des éditions Delcourt, une collection consacrée à des faits sportifs ayant marqué l’Histoire et celle proposée par Sylvain Gâche autour de Croke Park, il y a un siècle, a séduit Kris.

Dans les vestiaires de Croke Park : Sylvain Gâche (à droite), à côté du scénariste brestois Kris, qui dirige, au sein des éditions Delcourt, une collection consacrée à des faits sportifs ayant marqué l’histoire. (Photo DR)

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« Croke Park » aux éditions Delcourt. 21,90 €.

Sylvain Gâche, scénariste de « Croke Park », qui revient sur le premier « Bloody sunday », perpétré à Dublin, il y a 100 ans. (Photo DR)

150ème anniversaire de la naissance de Constance Markievicz

La comtesse Markievicz est l’une des figures du combat irlandais: en 1916, elle prend part au soulèvement de Pâques ; condamnée à mort, elle est épargnée. Première femme élue au Parlement de Westminster, elle refuse d’y siéger et elle sera la première femme ministre du Dail, le Parlement irlandais.

Irlande 1916: retour sur le Festival du livre de Carhaix

Un petit retour sur le Festival du Livre en Bretagne à Carhaix consacré cette année à l’Irlande 1916 – 2016 avec deux videos de l’Agence Bretagne Presse:

Le discours introductif de Christian Troadecn, maire de Carhaix et conseiller départemental.

L’intervention de Geraldine Byrne Nason, ambassadeur d’Irlande:

Et le Bro Gozh clôturant l’inauguration:

Irlande 1916-2016 : un siècle d’atermoiements. Conférence d’Alain Monnier le 1er décembre à Vannes.

Alan Monnier

Irlande, 1916-2016 … Où en est-on des aspirations de la révolution irlandaise en cette année du Centenaire ?
Si les héros de la Semaine de Pâques revenaient aujourd’hui, quel bilan pourraient-ils tirer de ces cent années écoulées ?
Cela remettrait-il en cause la légitimité de leur combat et de leur sacrifice ? Lesquels de leurs combats pourraient-ils considérer comme gagnés ou comme perdus ? Qui reconnaîtraient-ils comme leurs continuateurs et leurs héritiers ?  Comment leur engagement, leurs témoignages peuvent-ils nous aider à dresser un état des lieux dans la perspective de ce Centenaire ?

Conférence d’Alain Monnier à Vannes (Ti ar Vro, rue de la Loi) à 20 h 30 le 1er décembre

1916 poserait-il problème à la FIFA ?

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L’Express,  3 novembre 2016

Zurich – La commission de discipline de la Fifa va examiner la présence d’éléments rappelant le soulèvement de 1916 sur le maillot de l’équipe d’Irlande en mars dernier, a-t-on appris jeudi auprès de l’instance qui proscrit tout message sur les maillots des équipes nationales.

Cette saisine intervient alors que l’équipe d’Angleterre, bravant l’interdiction de la Fifa, arborera le 11 novembre un coquelicot, commémorant la fin de la première guerre mondiale.

« La commission de discipline évalue la question« , a indiqué jeudi à l’AFP une porte-parole de la Fifa, à propos des signes portés par l’équipe d’Irlande et portant les deux années « 1916-2016« , le 25 mars lors d’un match amical contre la Suisse.

(….)

8 novembre à Nantes, conférence de Jean Guiffan sur la bataille de la Somme et l’Irlande du nord.

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Un des « murals » unionistes de Belfast.

En  dehors  des  lieux  de  combats,  c’est  sûrement  en  Irlande  du  Nord  que  l’on  connaît  le  mieux  la  bataille de la Somme : une centaine de « murals » peints   dans   les   rues   des   principales   villes   y   célèbrent   le   sacrifice   de   la   36e   division   de   l’Ulster, un régiment de protestants nord-irlandais qui  s’est  fait  décimer  dans  les  premiers  jours  de  combat.

Entre la Somme, bataille mythique pour les Unionistes, et le soulèvement de Pâques 1916, référence de tout républicain irlandais, Jean Guiffan retracera l’importance de la mémoire des combats de la Somme pour les loyalistes nord-irlandais à travers les « murals ».

Conférence à 18 h le mardi 8 novembre
Archives Départementales de Loire-Atlantique

6 rue de Bouillé
Nantes
02 51 72 93 20 et archives@ loire-atlantique.fr

1916-2016: une sculpture pour symboliser les liens entre Irlande et Bretagne.

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La sculpture devant Mme l’Ambassadeur d’Irlande, Geraldine Byrne NAson, durant l’inauguration du Festival du Livre en Bretagne à Carhaix le 29 octobre 2016.

Présentée une première fois lors du Festival interceltique de Lorient , l’œuvre créée par le sculpteur Patrick Guého de Locoal-Mendon, a été mise à l’honneur durant le Festival du Livre en Bretagne.

Réalisée en kersantite ou pierre de Kersanton, la sculpture représente la harpe irlandaise et l’hermine bretonne.

Sur proposition du Comité Irlande 2016, cette sculpture va sans doute prendre la direction de l’Irlande. Informations à suivre.

Christian Troadec : Carhaix célèbre l’Irlande, ses influences sur la Bretagne, sa richesse culturelle et son dynamisme créatif.

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De gauche à droite: Aziliz Gouez, Lena Louarn, l’ambassadrice d’Irlande Mme Byrne Nason,Christian Troadec, Yann Peillet.

Lors de l’inauguration du Festival du Livre en Bretagne , Christian Troadec maire de Carhaix et conseiller départemental a ainsi ouvert l’évènement rappelant les liens entre l’Irlande et la Bretagne.

« L’édition 2016 du Festival du Livre en Bretagne célèbre l’Irlande et il est vrai que ce pays a une place toute particulière dans le cœur des Bretons.

Sans faire un long recensement des liens multiples entre nos deux nations celtiques, je voudrais juste citer quelques événements pour illustrer notre longue histoire commune.

Passons sur le fait que la légende dit que ce sont nos ancêtres armoricains qui auraient construit il y a 5000 ans Newgrange, une manière si l’on veut de parler de nos liens millénaires à travers les mers. Irlandais et Bretons se sont aussi côtoyés de façon assez rude parfois du côté des royaumes bretons de l’île de Bretagne. Ne dit-on pas que Saint Patrick était d’origine bretonne ?

Mais l’Irlande fait une entrée remarquée dans l’histoire de notre Bretagne armoricaine avec ses saints qui vont laisser une marque indélébile sur le sol breton et dans l’histoire de notre pays. La Vallée des Saints que, Mme l’Ambassadrice, vous avez visitée cet été, en est une illustration pour le moins spectaculaire.

Irlande et Bretagne devant faire face pendant plusieurs siècles aux appétits quelque peu envahissants de leurs voisins anglais et français, les relations entre les deux pays se sont distendues . Notons quand même la présence de milliers de réfugiés irlandais en Bretagne à partir de la fin du XVIIème siècle dont nombre finalement se sont installés pour devenir commerçants, artisans ou même armateurs comme à Nantes.

Le renouveau celtique du XIXème siècle relance l’intérêt pour le devenir de nos langues et de nos cultures parmi les intellectuels de Bretagne, d’Irlande, de Galles ou d’Écosse. La renaissance gaélique de la fin du XIXème siècle inspire nos artistes et écrivains. C’est par exemple en Irlande que François Vallée prendra l’idée du renouveau artistique breton qui naîtra quelques années plus tard avec les Seiz Breur.

Le bouillonnement politique irlandais au début du XXème siècle ne pouvait qu’intéresser les personnalités bretonnes les plus engagées. Le soulèvement de Pâques 1916 marque en quelque sorte un tournant dans la vision bretonne de l’Irlande. De nation sœur meurtrie que l’on tente de soutenir, l’Irlande devient une véritable source d’inspiration pour des générations de Bretons jusqu’à aujourd’hui.

L’on peut citer quelques Bretons qui ont marqué l’histoire de nos relations : Louis Napoléon Le Roux, personnage extraordinaire qui deviendra l’un des premiers biographes de Patrick Pearse et dont l’ouvrage sera le livre de chevet de nombre d’activistes bretons entre les deux guerres ; Polig Monjarret infatigable cheville ouvrière du développement des liens entre Bretagne et Irlande grâce à qui 120 communes bretonnes sont jumelées avec l’Irlande, qui permit à l’Irlande de montrer ses talents au Festival interceltique de Lorient, qui s’inspira de l’expérience irlandaise pour créer le Kan ar Bobl, qui encouragea la Brittany Ferries à développer une ligne Roscoff-Cork ; ou encore Pierre Bernard qui créa avec d’autres le SPI, le Secours Populaire Interceltique qui permit à des milliers d’enfants originaires d’Irlande du Nord de venir en vacances en Bretagne durant les Troubles .

Durant les cent dernières années, les relations entre Bretagne et Irlande se sont amplifiées de façon spectaculaire. Pour ne prendre que la scène musicale, Sean O Riada et les Chieftains sont un peu à la source du renouveau musical breton comme Alan Stivell a joué le même rôle dans l’évolution de la musique irlandaise dans les années 70.

Pour nombre de Bretons, l’Irlande est devenue leur seconde patrie en quelque sorte. Et depuis la fin des années 80 s’est ajouté le volet économique avec la présence permanente d’environ 25 000 Bretons en Irlande actifs dans différents domaines de la vie économique et sociale irlandaise : agro-alimentaire, pêcheries, informatique, universités. La diaspora bretonne est désormais bien présente en Irlande et renforce ainsi nos liens des deux côtés de la mer. Et… Aziliz Gouez en est une brillante représentante auprès de votre président Michael Higgins, lui aussi excellent connaisseur de la Bretagne

Aujourd’hui, Carhaix célèbre l’Irlande, ses influences sur la Bretagne, sa richesse culturelle et son dynamisme créatif.

Je voudrais aussi souligner notre intérêt devant l’évolution politique de la question irlandaise avec ces accords du Vendredi Saint qui ont permis aux deux Irlande de se retrouver avant d’espérer d’être réunifiées. Lors du dernier festival de Lorient le député de Belfast, Alasdair MacDonnell, souhaitait que la Bretagne soutienne l’Irlande qui va devoir faire face au défi que représente le Brexit et le retour de la frontière entre nord et sud. Ce festival à Carhaix en mettant à l’honneur l’Irlande dans sa globalité est aussi un témoignage de notre part contre ce retour en arrière provoqué par Londres.

L’indépendance de l’Irlande, la réconciliation amorcée entre nord et sud nous ont inspiré et encouragé pendant des décennies, l’Écosse suit la voie ouverte par l’Irlande vers l’émancipation politique. A notre façon, nous sommes ici engagés sur la même voie. »

La plume du président irlandais est bretonne.

AzilizGouez

Ouest-France, 29 octobre 2016

Par Maxime LAVENANT.

Originaire de Malansac (Morbihan), l’anthropologue Aziliz Gouez écrit depuis 2013 les discours du président irlandais. Elle préside ce week-end le Festival du livre en Bretagne.

Comment devient-on la plume de Michael Higgins, le président irlandais ?

De façon tout à fait fortuite. Je suis tombée sur une annonce. Ça m’a paru improbable d’y répondre parce que je ne suis pas irlandaise et que ce n’est pas mon métier. Ici, ce sont traditionnellement des diplomates qui occupent ce poste. Le président avait essayé plusieurs plumes, ça n’avait pas marché.

Vous êtes la première étrangère nommée Head of Speech Writing. C’était compliqué ?

Il y a eu des articles dans les journaux lorsque ma nomination a été annoncée mais ce n’était pas vraiment pas acerbe. Je n’ai jamais été confronté à de l’hostilité.

Un temps fort depuis que vous occupez ce poste ?

La visite d’État du président au Royaume-Uni en 2014. C’était monumental pour les Irlandais parce qu’il s’agissait d’une première depuis l’indépendance de l’Irlande. Tous les discours étaient par contre très encadrés par le gouvernement.

Présidente d’honneur de ce festival, ça représente quoi ?

Je suis contente, c’est une occasion de parler de ces liens entre la Bretagne et l’Irlande, voire d’en créer de nouveaux. Je suis aussi curieuse de voir comment la Bretagne perçoit les commémorations de Pâques 1916.

Vous voyez des similitudes entre littérature bretonne et irlandaise ?

Ce sont deux littératures des marges occidentales de l’Europe. On y retrouve les paysages et le climat de terres en conversation avec l’océan Atlantique. On peut aussi parler de certains motifs romantiques communs aux deux littératures.