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28,29 et 30 octobre, l’Irlande a rendez-vous avec la Bretagne à Carhaix.

carhaixirlande

Les 28, 29 et 30 octobre, l’Irlande sera à l’honneur à Carhaix dans le cadre du festival du Livre en Bretagne. En voici le programme:

Vendredi 28 octobre

A la pépinière d’entreprises (à côté de la salle Glenmor)
14:30
1916-2016. Du schème nationaliste au post nationalisme, quel exemple irlandais pour la Bretagne ? Par Yann Bévant (Rennes 2)
15:00
Du Tregor à Dublin, le parcours militant de Louis-Napoléon Le Roux. Par Alan Le Cloarec (Rennes 2)
16:00
De l’interceltisme à la fascination politique – l’Irlande dans le discours breton au XXe siècle. Par Eamon Ó Ciosain (NUI Maynooth)
17:00
Commémorer l’Insurrection de Pâques 1916. Par Aziliz Gouez (rédactrice des discours du président de la République d’Irlande : Michael D. Higgins)

Samedi 29 octobre

A la pépinière d’entreprises (à côté de la salle Glenmor)
09:00
The Institution of Regional/National Sports at the Turn of the Century in Ireland and Brittany. Cultural significance and Symbolic Impact.  Par Tangi Phillipe (UBO)

09:30
L’Irlande, une fascination pour les mouvements bretons du XIXe siècle à nos jours.
Par Erwan Chartier (Rennes 2)

10:00
La Saint Patrick et les Bretons.  Par Yves Defrance (Rennes 2)

Au centre des Congrès Glenmor

11:15 Hall Bernard Le Nail
Chant  » Ar Vorenn Gliz «  ( » The Foggy Dew «  version bretonne)
par le chœur féminin Kan Awen

11:30 Hall Bernard Le Nail (centre des Congrès)
Inauguration du 27e festival du livre en Bretagne
par Aziliz Gouez (rédactrice des discours du président de la République d’Irlande : Michael D. Higgins) en présence de l’Ambassadrice d’Irlande.

Suivie des hymnes nationaux irlandais et breton.

12:30 Hall du Glenmor
Session irlandaise
par Konogan An Habask (uilleann-pipes) et Tangi Le Gall-Carré (accordéon diatonique)

13:00 Hall du Glenmor
Direct : France Bleu Breizh Izel – Emission Breizh O Pluriel
Animée par Erell Beloni et Michel Pagès
14:00 Pépinière d’entreprises
Discussion générale, tour de table et conclusions du colloque
Modérateur : Yves Deance

14:00 Espace jeunesse (Le klub)
Spectacle de chansons pour enfants en irlandais et en breton
avec Tad Dhonnagain

15:00 Espace jeunesse (Le klub)
Table ronde sur le théâtre en breton traduit de l’irlandais
Avec des comédiens et des traducteurs Débat mené par Laetitia Fitamant (Radio Kerne)

16:15 Cinéma (Le Grand Bleu)
Film irlandais : La fille de Ryan
De David Lean avec Robert Mitchum et Trevor Howard [payant] Cinéma Le Grand Bleu

16:15 Espace jeunesse (Le klub)
 » Luduennig « , théâtre en breton
avec Strollad Kallag

17:00 Hall Bernard Le Nail (centre des Congrès)
Remise des prix
Langleiz, (prix Xavier de Langlais) pour une œuvre en langue bretonne et remis par Kuzul ar Brezhoneg Priz Danevelloù ti-kêr Karaez Prix de la nouvelle en langue bretonne de la ville de Carhaix Prix du roman de la ville de Carhaix

17:15 Espace jeunesse (Le klub)
Jean Kergrist,  » 78,9 ou les mémoires d’un âne « 

Dimanche 30 octobre
10:15 Cinéma (Le Grand Bleu)
Film irlandais : Brooklyn
De John Crowley et Paul Tsan avec Saoirse Ronan et Domhall Gleeson [payant]

10:30 Hall Bernard Le Nail (centre des Congrès)
Café littéraire avec Ciarán Collins auteur du roman  » Charlie le simple «  (Editions Gallimard) traduction de l’œuvre originale  » The Gamal «  (Bloomsbury Publishing)
Animé par Blaithin Allain

10:30 Église Saint-Trémeur
Messe en breton à la mémoire de Nolwenn Louarn

11:30 Hall Bernard Le Nail (Espace Glenmor, centre des Congrès)
25 ans de la revue Spered Gouez
Interventions et lectures de Marie-Josée Christien, Gérard Cléry, Guy Allix, Eve Lerner et Louis Bertholom.

11:00 Espace jeunesse (Le klub)
Remise des prix Memoires du Kreiz Breizh

13:00 Hall du Glenmor
Direct : Emission Radio Kreiz Breizh
Animée par Kristian Rivoalen et Yann-Ber Gwiader

14:00 Espace jeunesse (Le klub)
Atelier arts plastiques

14:30 Cinéma (Le Grand Bleu)
Présentation du site bilingue  » Lenn « 
Par Livre et lecture en Bretagne

15:00 Espace jeunesse (Le klub)
Lectures d’extraits de théâtre traduits en irlandais
par des comédiens de la fédération C’hoariva.

15:30 Cinéma (Le Grand Bleu)
Diviz e brezhoneg : An treiñ lennegel e brezhoneg. Stad an traoù hag hentoù evit mont war-raok
Perzhidi : Mich Beyer (skrivagnerez ha troourez), Kristian Braz (skrivagner ha troour), Riwanon Kervella (Kuzul ar Brezhoneg), Serj Richard (troour), Tadhg Mac Dhonnagáin (kinniger abadennoù evit ar vugale en iwerzhoneg ha saver senariooù) Habaskaer : Olier ar Mogn

15:30 Espace jeunesse (Le klub)
 » Tok ‘n Emil «  : spectacle de conte en breton pour enfant
par Awen Plougoulm

17:00 Espace jeunesse (Le klub)
 » Elle est pas belle, la vie ? « , théâtre en français, en breton et en allemand
avec la troupe Fubudenn

17:00 Hall du Glenmor
Session musicale
par Arnaud Ciapolino (flûte traversière) et Nicolas Quéméner (guitare)

18:00 Espace jeunesse (Le klub)
Lancement du concours de haikus de Taol Kurun 2017
Avec la lecture de haikus en français, en gallo et en breton sur le thème retenu cette année : An hent (le chemin). Avec Naig Kervella-Latimier, et Mai Ewen.

La biographie de Patrick Pearse par L.N. Le Roux rééditée et complétée.

pearse1916

Dans le cadre du centenaire du soulèvement irlandais de Pâques 1916, l’Institut Culturel de Bretagne vient de rééditer la biographie de Patrick Pearse écrite par Louis N. Le Roux augmentée de textes explicatifs d’Alan Le Cloarec, Jacques-Yves Le Touze et Erwan Chartier.

Comme indiqué dans des articles précédents ( voir ici ) , ce livre paru en français en 1932 a été pendant des décennies une référence concernant l’histoire de Patrick Pearse et du mouvement nationaliste irlandais .

Cet ouvrage et son auteur sont aussi des témoignages importants de l’influence que les évènements irlandais ont eu sur la Bretagne entre les deux-guerres et jusqu’à nos jours.

Ce livre est disponible en librairie ( Diffusion Coop Breizh) et auprès de l’Institut Culturel de Bretagne (Ti ar Vro, 3 rue de la Loi, 56000 Vannes). Et aussi sur le stand de l’Institut durant le Festival du Livre en Bretagne à Carhaix, les 29 et 30 octobre prochains.

 

La vie de Patrice Pearse et l’insurrection irlandaise de Pâques 1916, par Louis N. Le Roux, Editions de l’Institut Culturel de Bretagne, 340 pages, 15 € . Textes complémentaires d’Alan Le Cloarec, jacques-Yves Le Touze et Erwan Chartier.

28 et 29 octobre à Carhaix, Colloque « Irlande – Bretagne, 1916-2016, chemins croisés »

IrlandeColloque


Colloque organisé par Le CRBC-Rennes 2 dans le cadre du festival du livre de Carhaix “Les influences irlandaises : 1916 – 2016” à l’occasion du centenaire du soulèvement de Pâques 1916.

Ouvert à tout public.

« Irlande Bretagne 1916>2016: Chemins croisés

Aoine/ Gwener/ Friday/ Vendredi 28 octobre 2016

Economic and Historical aspects

Chair : Gwendal Denis

14:30 – Yann Bévant (Rennes 2): « 1916-2016. Du schème nationaliste au post nationalisme, quel exemple irlandais pour la Bretagne ? »

15:00- Alan Le Cloarec (Rennes 2): « Du Trégor à Dublin, le parcours militant de Louis-Napoléon Le Roux »

16:00- Éamon Ó Ciosáin (NUI Maynooth): « De l’interceltisme à la fascination politique – l’Irlande dans le discours breton au XXe siècle. »

16:45 – Coffee Break/ pause café

Plenary Speaker

17:00 – Aziliz Gouez (Head of speech writing to President Michael D. Higgins) : « Commémorer l’Insurrection de Pâques 1916 »

Satham/Sadorn/Saturday/Samedi 29 octobre 2016

Cultural and Artistic Interactions

Chair :  Yann Bévant

9:00 – Tangi Philippe (UBO) : “The Institution of Regional/National Sports at the Turn of the Century in Ireland and Brittany. Cultural significance and Symbolic Impact

9:30 – Erwan Chartier (Rennes2): « L’Irlande, une fascination pour les mouvements bretons du XIXe siècle à nos jours »

10:00 – Yves Defrance (Rennes2) : « La Saint Patrick et les Bretons »

14:00 – General discussion and round table

Chair: Yves Defrance


Lieu: Espace Glenmor – Centre des Congrès, Carhaix

Le magazine Bretons met à l’honneur Louis-Napoléon Le Roux.

LouisNapoleonLeRoux

Il y a quelques semaines, nous avions évoqué ici sous la plume d’Alan Le Cloarec ( voir l’article ) la figure assez extraordinaire de Louis-Napoléon Le Roux, personnage étonnant dont l’activité se partagea entre Bretagne, Irlande et Grande Bretagne au moment de la révolution irlandaise.

Le numéro du mois de mai de la revue Bretons revient sur l’histoire de Louis- Napoléon Le Roux avec un article d’Erwan Chartier.

En vente en kiosque et par correspondance ici.

Bretons 120

Irlande. 100 ans après l’insurrection.

Dublin2016

Le Télégramme, 28 mars 2016

par Erwan Chartier

Des centaines de milliers d’Irlandais ont défilé, ce dimanche, dans les rues de Dublin, pour marquer le centenaire de la sanglante « insurrection de Pâques » en 1916, une rébellion armée contre la domination britannique qui a mené, quelques années plus tard, à l’indépendance du pays. Un événement enjeu de mémoire, aussi, sur cette île où la violence politique et religieuse est loin de n’être qu’un souvenir.

À l’annonce du soulèvement de Pâques 1916, le grand écrivain irlandais, William Yeats, déclara : « Une terrible beauté vient de naître ». Un siècle plus tard, les passions sont loin d’être éteintes.

Le 24 avril 1916, 750 militants républicains – dont 90 femmes – prennent position dans la capitale irlandaise sous le regard étonné, parfois hostile, voire sarcastique, des Dublinois. Ils espèrent provoquer une insurrection générale dans le reste de l’île et encercler le château de Dublin, siège du pouvoir britannique. On compte parmi eux des intellectuels comme Patrick Pearse, des syndicalistes comme le socialiste James Connolly et des militants indépendantistes. Dans la grande Poste, devenue leur quartier général, ils proclament l’indépendance.

Des centaines de civils tués


Alors que les autorités britanniques auraient pu traiter l’affaire de façon chirurgicale – d’autant que les républicains, fortement installés dans les zones rurales, refusent de participer à la « folle équipée » de Dublin -, le général Maxwell réagit de manière particulièrement brutale et ordonne l’assaut contre les barricades. Une canonnière remonte la Liffey pour bombarder la ville, tuant des centaines de civils et détruisant une partie de la ville. Les insurgés se rendent, mais la répression est terrible avec de nombreuses exécutions sommaires. Les leaders sont fusillés, à l’exception du futur président de la République, Eamon de Valera, qui possédait un passeport américain. Des milliers d’Irlandais sont envoyés dans des prisons qui deviennent autant d’« universités révolutionnaires ».

Échec militaire, succès politique

L’insurrection de 1916 est un désastre militaire, mais le sacrifice de cette avant-garde d’idéalistes irlandais sert de départ à un long et sanglant processus d’indépendance.

En décembre 1918, Sinn Féin – « Nous seuls », en gaélique – remporte 75 sièges de députés sur 105 en Irlande. L’Armée républicaine irlandaise (Ira) ne cesse de recruter, tandis que les unionistes protestants d’Irlande du Nord créent leurs milices. Les républicains irlandais forment leur propre parlement et mettent en place une administration parallèle. L’Ira harcèle les Britanniques qui envoient des paramilitaires se livrant à des atrocités. « On les a surnommés les Black and Tans, explique Pol O’Beaglaoich, de Dingle. Dans le Kerry, où j’habite, la mémoire de leurs méfaits et des exécutions est restée très vive. » En 2015, Londres a renoncé à ouvrir les archives de cette période, avec notamment les noms des informateurs de police, pour ne pas attiser les tensions.

Deux ans de guerre civile

En juillet 1921, Londres négocie avec les insurgés irlandais. Sous la menace d’une guerre totale, un traité est signé qui prévoit la création d’un État libre d’Irlande, amputé de six comtés du Nord, à majorité protestante. Les nationalistes modérés acceptent, les républicains radicaux refusent. Deux ans de guerre civile s’ensuivent.

Puis, dans les années 1930, Eamon de Valera, devenu Premier ministre, coupe les derniers liens avec la Grande-Bretagne. La République d’Irlande est proclamée en 1948.

En complément

 

Le centenaire de l’insurrection de 1916 en Irlande

IrlandeMur

par Erwan Chartier

 

Les commémorations du processus d’indépendance de l’Irlande ont débuté cette année et devraient se poursuivre jusque 2023. Mais la mémoire de 1916 reste conflictuelle dans une île toujours divisée.

Le président de la République d’Irlande, Daniel O’Higghins a lancé en janvier les commémorations du centenaire de l’insurrection de Pâques 1916. Cet intellectuel de gauche, universitaire et poète, aura la lourde tâche de tenter de réconcilier des mémoires souvent antagonistes à propos d’un événement qui continue de marquer la vie politique irlandaise. Le souvenir du processus d’indépendance reste même le principal clivage politique entre les deux principaux partis, le Fine Gael et le Fianna Fail.

Ces deux formations se classent au centre droit, mais le Fine Gael est l’héritier des partisans du traité de 1921 qui a abouti à la création d’un Etat libre après un conflit avec les Britanniques et à la partition de l’île, six contés d’Ulster à majorité protestante, restant dans le Royaume-Uni. Des personnalités de Fine Gael ont d’ailleurs parlé de « révolution futile » à propos de l’insurrection de Pâques 1916, considérant que l’émancipation de l’Irlande aurait pu être obtenu par la négociation avec les Britanniques.

Le Fianna Fail a été fondé par Eamon de Valera qui faisait partie des leaders de l’insurrection de 1916 et ne fut pas fusillé par les Britanniques car de nationalité américaine. Il a fait partie des opposants au traité de 1921, lors de la guerre civile qui dure jusque 1923. En 1926, il rompt avec Sinn Féin sur la question de la participation aux institutions irlandaise et crée Fianna Fail avec lequel il gagne les élections de 1932 et travaille dès lors à couper les derniers liens institutionnels avec la Grande Bretagne. Ironie de l’histoire, c’est cependant un gouvernement Fine Gael qui proclame la république d’Irlande en 1948.

Les héritiers d’Eamon de Valera accordent donc une importance particulière à la célébration de Pâques 1916 qui, rappelons-le, fut un terrible échec militaire. Menée par quelques centaines de républicains avant-gardistes, elle allait cependant provoquer une répression féroce de la part des Britanniques et faire basculer l’opinion publique en faveur du parti indépendantiste Sinn Féin. Trois ans plus tard, ce dernier fut le grand vainqueur des législatives de 1919, ce qui devait relancer le processus de séparation avec la Grande-Bretagne.

Le retour du Sinn Féin

Le Sinn Féin a d’ailleurs son propre programme de commémorations. Pour ce parti nationaliste, désormais sur une position de gauche radicale, antieuropéenne, voire populiste, l’insurrection de 1916 est, bien entendu, l’un des épisodes majeures de la geste républicaine irlandaise. Sinn Féin est l’un des deux principaux partis en Irlande du Nord dont il cogère le gouvernement local. Il vient de lancer une campagne pour un referendum sur l’indépendance, qui pourrait être organisé tous les sept ans. La pyramide des âges fait que les catholiques seront majoritaires dans quelques années, ce qui renforcera le camp d’un départ du Royaume-Uni et d’une éventuelle réunification.

Des gestes ont cependant été faits en direction de la communauté unioniste protestante pour laquelle, comme pour les Britanniques, l’année 1916 reste surtout associée à la terrible bataille de la Somme. De nombreux régiments irlandais se distinguèrent dans ce qui reste l’une des batailles les plus meurtrières de l’Histoire avec plus d’un million de victimes.

Désormais fréquentable depuis les accords de paix de 1998, Sinn Féin est aussi de retour dans le sud de l’île. Son discours très à gauche séduit une partie de l’électorat irlandais encore sous le choc de la crise financière de 2008 et de la mise sous tutelle européenne. Il a recueilli 19,3 % des voix aux élections européennes de 2014 et 15 % aux dernières législatives. L’insurrection de 1916 ne doit pas être regardée qu’au seul prisme irlandais, mais également à l’échelle des décolonisations. En un sens, la révolte irlandaise a ébranlé l’empire britannique, mais également un royaume de plus en plus désuni. En 2016, les Britanniques voteront sur leur maintien ou non dans l’Union européenne. En cas de victoire des eurosceptiques, les Ecossais ont déjà annoncé qu’ils organiseraient un nouveau referendum sur l’indépendance et Dublin redoute de devoir rétablir une frontière avec l’Irlande du nord… Un siècle après Pâques 1916, la question des nationalités reste vive dans les îles Britanniques.